Le mot du maire
On n’a pas tous les jours 20 ans chantait Berthe Sylva dans les années 30… Et bien, à Viriat, si ! Nous avons tous les jours 20 ans… Du moins sur le papier ! Et ce, grâce au travail formidable réalisé par l’Association Viriat Patrimoine (ex À la rencontre de Prosper Convert) qui vient d’éditer une nouvelle brochure recensant toutes les photos des conscrits génération 20 ans sur la période allant des années 1900 à 2000 avec un bonus pour les années 1894, 95 et 97. L’occasion de découvrir la jeunesse éternelle de nos parents, de nos familles, amis, personnes de notre entourage, et de faire ainsi connaissance avec quelques lointains ancêtres, voire de nous retrouver nous-même… Non, nous n’avons pas changé…! Un grand merci à l’Association pour ce travail de fourmi, de reconstitution d’un petit pan de notre mémoire collective.
D’aucuns penseront que tout ceci est désuet, sans importance, léger. D’autres pourraient dire qu’ils ne sont pas concernés car habitant la commune depuis trop peu de temps. Peut-être… Mais j’ai la faiblesse de penser que notre mémoire collective est un bien précieux, fragile, source de repères, à partager sans modération pour éviter toute déformation ou appropriation biaisée. La recherche chirurgicale de notre association historienne permet justement de conserver cette matière intacte. Au fil des publications, sur les écoles, le centre village, sur nos jeunes mobilisés pendant la guerre 14-18 et sur beaucoup d’autres thématiques, nous avons devant nous une photo de plus en plus éclairante, précise et impartiale de notre récent passé.
À d’autres niveaux, à d’autres moments, force est de constater que ce travail n’a pas été entamé ou que trop tardivement. Avec souvent les conséquences désastreuses que cette absence de repères partagés a pu engendrer. L’exemple de la guerre d’Algérie s’étalant de 1954 à 1962 avec la mobilisation de quelques 1,3 Millions de jeunes appelés est certainement, sur une dimension nationale, le plus marquant. Qualifiée par bon nombre d’historiens de « politique de l’oubli » côté État Français, réinterprétée côté Algérie, cette guerre n’a été reconnue qu’une quarantaine d’années après son déroulement. Elle a ainsi été appelée pudiquement dans les années qui ont suivi les faits « d’évènement ». Cette absence de nomination a entrainé l’absence d’une reconnaissance officielle, donc d’une volonté de partage des mémoires. Elle s’est soldée par une incompréhension commune et donc par une réconciliation improbable entre les peuples.
Sur une autre scène proche de notre réalité contemporaine, c’est la contestation même de l’identité d’une nation en la chargeant de tous les maux y compris sa prétendue nazification qui sert d’alibi aux atrocités et crimes les plus sanglants.
Bien sûr, comparaison n’est pas raison. Il n’empêche… Je préfère avoir un passé établi et certain plutôt que d’autres ne l’inventent à ma place.
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